D’après le livre du Dr de Lorgeril “Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral”, de 2011, ISBN 978-2916878881
Livre co-écrit entre le médecin et chercheur au CNRS de Lyon, Michel de Lorgeril, et Patricia Salen, nutritionniste diététicienne assistante de recherche à Grenoble, France.
Le Dr de Lorgeril était le principal investigateur dans l’étude de Lyon des années 1990, et Mme Salen en était responsable des aspects nutritionnels. Pour rappel l’étude de Lyon, durant les années 1980-90, avait pour la première fois démontré de façon rigoureuse l’effet protecteur de l’adoption d’un régime méditerranéen traditionnel, avec jusqu’à 70% de rechute d’infarctus en moins et donc aussi une longévité accrue.
Ce livre est donc une référence scientifique sur le sujet de la prévention des maladies cardiovasculaires et des cancers par l’alimentation. Des approfondissements de ces découvertes auraient dus être diligentés par les autorités médicales responsables de la santé de leur citoyens, mais ce ne fut pas le cas, et d’ailleurs des raisons classiques en sont données dans ce livre, comme le lobbying puissant des industries pharmaco médicales qui ne souhaitent pas perdre des parts de marché même en contrepartie du bien être des populations.
La première partie du livre concerne la prévention de l’infarctus, première cause de mortalité en France et dans le monde. Les accidents cardiovasculaires (AVC) étant la troisième cause après les cancers.
L’introduction nous dit que bien que compliquées à expliquer ou à comprendre, les maladies cardiovasculaires sont faciles à empêcher, et ce livre nous explique comment faire. Même en France, où les secours arrivent vite et sont très bien organisés, formés et équipés, encore 50% des victimes d’infarctus meurent dans l’heure qui suit. Dans certaines populations fragiles, le taux de mortalité à quelques jours peut même monter à 80%.
Malheureusement les médecins n’ont pas de formation en nutrition, ni le temps d’en expliquer les longs tenants à leurs patients, et le raccourci est généralement d’utiliser des médicaments, sans aucune explication sur les possibilités de prévention bien connues qui sont très efficaces.
La pollution atmosphérique a aussi une grande part dans la survenue des maladies cardiovasculaires, par l’inflammation générée par les micro et nano particules, comme celles provenant des pots d’échappement, du chauffage au bois ou des centrales urbaines, et des industries. (Mais aussi des poussières des pneus qui frottent sur la route)
Les habitudes alimentaires sont bien sûr le terrain de base pour la prévention. Notamment les carences accumulées au fil des années à cause d’aliments trop pauvres en micronutriments ou transformés et rendus ingérables.
L’exercice physique est aussi essentiel, car la sédentarité n’est pas naturelle pour l’humain qui a toujours eu des journées actives.
En chapitre 3 sont présentées les preuves ultimes que c’est notre mode de vie qu’il faut améliorer pour prévenir ces maladies, et non pas espérer que quelques aliments ou suppléments spéciaux nous changerons la vie de façon miraculeuse.
Ce livre présente des conclusions basées sur les découvertes de l’étude de Lyon, et des autres qui ont été menées ensuite par d’autres groupes de médecins et scientifiques. Il ne s’agit pas de spéculations ou d’expériences dans des tubes, mais de faits qui ont été vérifiés sur des personnes vivantes. C’est une histoire compliquée qui a mené à la mise en place de l’étude de Lyon, mais qui est complètement dévoilée dans ce livre.
Pour résumer, le pôle cardiologique de Lyon était le seul qui ne changeait pas les habitudes de vie des patients après une greffe de cœur.
Et cela menait à des taux de mortalité élevés, puisque les patients restaient sédentaires, buvaient trop, fumaient et vivaient comme avant la survenue de leurs problèmes cardiaques. Et c’est grâce à cette situation qu’ils ont pu constater qu’un changement alimentaire et de style de vie changeait la donne, et permettait aux patients de vivre beaucoup plus longtemps. C’est un concours de circonstances et de personnages exceptionnels, comme souvent en science et ailleurs, qui a permis d’aboutir à ces découvertes et preuves scientifiques incroyables.
Les corrections du mode de vie furent simples :
- arrêt du tabac
- pour l’alcool, uniquement du vin durant les repas
- diète méditerranéenne
- exercice physique organisé
Le cholestérol n’était pas un facteur qui changeait les résultats. Car les lésions d’athérosclérose étaient d’une très grande variété, et que ce serait un non-sens que d’attribuer cela au cholestérol. Encore une chose apprise et prouvée pour de bon grâce à cette étude !
Le chapitre 4 concerne les formidables découvertes de l’étude de Lyon. Les intervenants de cette étude étaient le Dr Michel de Lorgeril, Patricia Salen, le Directeur de l’INSERM Serge Renaud, le Chef de service de l’Hôpital Cardiologique de Lyon Pr Jacques Delaye, le Pr André-Fouet, le Pr Beaune, le Pr Delahaye, Pr Froment, Pr Normand, Pr Touboul, ainsi que les Professeurs Epstein, Ducimetière, Nordoy, Rutishauser, Righetti, et les Docteurs Paillard et Guidollet.
L’étude de Lyon (ou Lyon Diet Heart Study en anglais) avait été conçue dans les années 1980, et le but était de trouver comment réduire la production de plaquettes coagulantes dans le corps pour lutter contre la formation des caillots dans les artères. Ils pensaient que diminuer l’activité des plaquettes serait une solution.
Des épidémiologistes avaient auparavant présenté les Méditerranéens (surtout les Grecs) et les Japonais comme ayant moins de maladies cardiovasculaires. Le modèle nutritionnel méditerranéen fut donc adopté car plus facile à accepter et à mettre en place en France.
Changer les habitudes alimentaires de personnes est très difficile, et ils se sont inspirés des travaux de Paul Watzlavick et Milton Erickson pour le faire. Il fut découvert que ce régime n’avait pas d’effet sur l’activité plaquettaire, mais de gros effets sur la santé en général.
Les patients devaient baisser leur prise de produits animaux et de leurs graisses, dans le but de réduire le taux de cholestérol. C’est à dire moins de viandes grasses et charcuteries, presque pas d’oeufs, produits de la mer gras déconseillés, même le poison gras, et même les amandes, les noix et arachides, ainsi que les avocats étaient déconseillés. Il n’a pas été possible de conseiller de boire plus de vin rouge, pour des raisons éthiques, bien qu’ils sont persuadés aujourd’hui que cela aurait encore amélioré les résultats.
L’objectif fut de rester juste en dessous, à 35% de graisses dans le total calorique quotidien, pour ne pas trop restreindre les participants. Pour ceux qui n’aimaient pas l’huile d’olive, ils pouvaient prendre de l’huile de colza.
Pour résumer, il s’agissait de manger : moins de produits animaux, viandes, charcuteries et produits laitiers, et plus de produits végétaux, fruits, légumes, légumineuses, et céréales. Tous les détails sur cette “diète méditerranéenne modernisée” sont page 255.
Principaux résultats de l’étude de Lyon
Avec les pré-résultats positifs, ils ont reçu des pressions de tout publier immédiatement, mais cela aurait terminé l’essai, et le groupe a bataillé pour pouvoir poursuivre même après suppression des soutiens financiers, afin de mener l’étude à terme et avoir des résultats plus probants et consolidés sur le moyen terme de plusieurs années supplémentaires. L’analyse finale fut publiée en 1999.
Cette étude démontra qu’en passant à une diète méditerranéenne traditionnelle, des patients réduisaient par 50 à 70% leurs risques de refaire un accident cardiovasculaire, que ce soit l’infarctus, l’AVC, ou l’insuffisance cardiaque, et il y avait moins de mortalité aussi.
Aucun traitement, encore aujourd’hui, n’a montré une efficacité préventive telle. C’est une découverte majeure !
Cette étude a heureusement été citée des milliers de fois depuis, et a inspiré beaucoup d’études supplémentaires de par le monde. La notion moderne de nutrition comme prévention des MCV et des cancers est partie de là. Une douzaine d’études ont été initiées depuis sur diverses populations, avec des résultats similaires, de moins de maladies et d’une espérance de vie allongée. Malgré tout, les résultats auraient été encore meilleurs si tous les participants avaient suivi plus précisément les conseils nutritionnels donnés, et si certains n’avaient pas été en phase terminale de vie avant le début de l’essai.
Certains avaient un cœur très endommagé par de précédents infarctus. De nombreux patients avaient des déficits nutritionnels, carences en acides gras ou acides aminés essentiels, en vitamines du groupe B ou en vitamine C, ou en minéraux et oligo-éléments comme le sélénium. Et plus les déficits étaient grands, plus les problèmes cardiaques étaient graves. Pour résumer, pour avoir de bons muscles cardiaques il faut avoir suffisamment de sélénium et de vitamine C. Cela a été prouvé comme étant très important pour le fonctionnement cardiaque.
Mais aujourd’hui aucun docteur ou cardiologue ne recherche les déficiences éventuelles de leurs patients en vitamine C ou en sélénium.
En 2011 un grande étude épidémiologique sur 20 000 personnes a mis en évidence le manque de vitamine C et les risques d’insuffisance cardiaque, confirmant leur découverte de plus de 10 ans plus tôt. Mais notre système vasculaire est aussi important, et surtout la bonne santé de sa paroi interne, l’endothélium, et de systèmes biologiques qui dépendent de notre nutrition. Voir le chapitre sur l’hypertension.
Plus loin, dans le chapitre sur l’infarctus, il explique comment rendre son cœur résistant. Il y a au moins 3 moyens connus pour cela :
- l’exercice physique modéré
- la moindre consommation d’alcool
- la consommation de certains polyphénols végétaux
- Les oméga-3 renforcent aussi la santé du muscle cardiaque.
Suivent des explications sur la formation des caillots qui conduisent à l’infarctus. Cette formation de caillot est directement liée au mode de vie. Par exemple la viande contient un acide gras, dit arachidonique, fabriqué à partir de l’oméga-6 linoléique, qui augmente l’activité des plaquettes qui forment les caillots. Le ratio oméga-3/oméga-6 est crucial pour maintenir l’équilibre entre fluidification et coagulation du sang, et ce n’est pas compliqué de le maintenir au bon équilibre, puisque c’est justement celui qu’on trouve dans le régime méditerranéen !
Il rappelle que le cholestérol ne joue aucun rôle dans l’activité des plaquettes coagulantes. Celles-ci servent à bloquer les coupures ou fissures de la paroi artérielle, et ne rentrent donc en fonction qu’après une agression de cette paroi, par une substance toxique, comme les éléments de la fumée de cigarette par exemple. Après la coagulation se forme une structure plus solide, la fibrine, des filaments qui enserrent les plaquettes et les collent contre la paroi, et le caillot commence sa formation ainsi.
Les fumeurs et les diabétiques ont des taux de fibrinogène, la molécule à l’origine des filaments de fibrine, plus élevés que les autres. Ceux qui pratiquent l’exercice physique ou qui consomment du vin de façon modérée pendant les repas, ont au contraire moins de fibrinogène. La nicotine stimule la sécrétion d’adrénaline qui elle-même stimule l’activité des plaquettes, et le monoxyde de carbone présent dans la fumée est un vrai agresseur de la paroi des artères. Un vrai cocktail anti-santé !
Le chapitre 4 sur le cholestérol est important, car 7 millions de Français consomment des médicaments anti cholestérol, alors que la théorie en est fausse. Les traitements anti cholestérol sont aussi inutiles que nuisibles nous dit-il, et il nous conseille de lire son livre “Cholestérol, mensonges et propagande”, ainsi que les livres sur le sujet, aux éditions Thierry Souccar.
Il nous explique ensuite en détails 2 théories sur l’athérosclérose. Il mentionne la lipoprotéine (a) dans un encart, mais ne fait pas référence aux travaux du Dr Matthias Rath et Linus Pauling et leurs découvertes et publications sur le sujet. A la question, “pourquoi la Lp(a) favorise les thromboses ?”, il répond qu’elle interfère avec la fibrinolyse en diminuant son activité, et favorise ainsi la formation des caillots solides et obstructifs. Il mentionne un parallélisme entre Lp(a) et cholestérol, les deux étant pareillement élevés chez les patients. Il rappelle que les experts ignorent généralement cette Lp(a) qui est pourtant coupable, et non pas le cholestérol qui ne joue aucun rôle dans la coagulation, ni dans la biologie des plaquettes ou dans la fibrinolyse.
Le chapitre 5 concerne les AVC, qui n’arrivent pas qu’aux personnes âgées, puisqu’un tiers des victimes ont moins de 65 ans. Les AVC hémorragiques représentant au moins 40% de tous les AVC.
Beaucoup de médicaments favorisent les AVC hémorragiques, comme les statines et les fluidifiants. Il semble que l’athérosclérose observée dans les artères cérébrales est différente de celle des artères coronaires, car celles du cerveau sont de constitution différente, n’ayant pas de capacité musculaire pour la contraction spasmodique.
La troisième partie du livre concerne les facteurs de risque conventionnels de l’infarctus et de l’AVC. Un encart sur le tabac est particulièrement intéressant, car il mentionne la toxicité du monoxyde de carbone comme étant particulièrement agressif pour la paroi des artères.
A mon avis cela parallèle les explications du Dr Laurent Schwartz qui a découvert durant ses recherches sur la nocivité des cigarettes pour les fabricants de tabac, que le plus dangereux était le CO2 aspiré en fumant, issu de la combustion. En effet ces deux gaz sont acidifiants, comme on le sait bien dans les milieux écologiques, puisqu’on entend tout le temps dire que les océans s’acidifient en absorbant le CO2 de l’atmosphère.
Notre corps étant majoritairement de l’eau, et nos cellules baignant dans une matrice d’eau et de collagène, on imagine le mal que peuvent nous faire ces gazes, en acidifiant notre eau. Normalement le CO2 est un déchet de combustion que notre corps rejette par l’expiration pulmonaire, alors quel absurdité d’en avaler en fumant ou en buvant des sodas. Ce CO2 est peut-être, d’ailleurs, l’élément le plus nocif des boissons gazeuses, avant les sucres ajoutés…
Les chapitres suivants abordent les diabètes, l’hypertension, le cholestérol, l’obésité, la sédentarité, la pollution et les problèmes chroniques, les traitements conventionnels pour prévenir l’infarctus. On y apprend plein de détails sur les médicaments toxiques et appareils utilisés.
La suite explique comment modifier son mode de vie, concernant l’exercice physique et sexuel, la gestion du stress, et passe en revue quelques médecines alternatives, et à partir de la page page 241, il explique en détails la nutrition à adopter pour prévenir les MCV, et donc les cancers et nombre d’autres maladies.
C’est donc un livre très complet, sérieux et très utile que je conseille de lire, ou au moins d’utiliser pour changer de mode de vie, et donc être beaucoup moins malade dans l’avenir.